Ar mor divent, the water is wide, la mer est immense
8 janvier 2011 § Poster un commentaire
Souchon a raison : la vie intime est maritime. On vit comme au versant
d’une Zone inondable. Constat d’ici, rêve d’ailleurs, le rivage est la frontière naturelle, la ligne de démarcation, entre le je suppose trop sec de nos vies et
un « mouillé » plus prometteur. Envie d’île -Talua – chagrin d’elle – Robinson – combien de fois la mer, décor immédiatement identifiable pour se jouer le film du souvenir d’été – Kerlou – de l’écoulement des jours – Le coeur comme un volet qui bat – ou des brisants du coeur – Est-ce partir ? – La mer et les bateaux, symbole cinglant toutes voiles dehors ! – Transat, Balancelle –
et dans l’arrière pays notre vie qui suit son cours.
Ce n’est que de l’eau mais incontournable. Ajoutez les larmes de Montée
des eaux, la sous-l’eau-graphie de Flottaison – une berge, c’est comme un
rivage en petit – la photo d’Étretat dans Strapontin, et je ne serai pas étonné
que du haut du vallon de La chanson du bonheur… on aperçoive la mer.
Zone inondable
8 janvier 2011 § Poster un commentaire
Je suis né comme un ruisseau
Qui sort on connaît l’endroit
Mouillage de mon berceau
Puis petit lit à l’étroit
Pas de pente à dévaler
De cascade ou de cabri
C’est déjà dans la vallée
Que moi le clapot me prit
Cachez-moi Sein, Ouessant, Molène
Coeur en zone inondable, attention!
Et quant à l’âge du capitaine
C’est trop d’émotion
Tout n’est pas dans le journal
Que papa lit le matin
Je franchis, c’est d’un banal
Un jour le mur du jardin
Pas de verger, de troupeau
Et pour les peines de coeur
Le sombre des entrepôts
Et le cri des remorqueurs
Cachez-moi Sein, Ouessant, Molène
Coeur en zone inondable, attention!
Et quant à l’âge du capitaine
C’est trop d’émotion
Les courants que j’ai suivis
Ne gagnaient pas l’horizon
Mais ce bassin me suffit
Si je chante mes chansons
Seul regret : en écrivant
C’est ma vie dont j’ai besoin
Si je l’avais su avant
J’y aurais mis plus de soin
Cachez-moi Sein , Ouessant, Molène
Coeur en zone inondable, attention!
Et quant à l’âge du capitaine
…
Talua
5 décembre 2010 § Poster un commentaire
une tache verte
en plein horizon
la chemise ouverte
en toute saison
c’est Talua
barques en flottilles
poissons à plein bord
pagaies et godilles
rentrent à bon port
à Talua
blanche goélette
tout seul à l’avant
je n’ai dans la tête
que l’odeur du vent
de Talua
savant abordage
lancer les paquets
serrer les cordages
sauter sur le quai
de Talua
une tache verte
en plein horizon
la chemise ouverte
en toute saison
c’est Talua
jusqu’au bout de l’anse
courir à tomber
sous le grand silence
des oiseaux huppés
de Talua
au creux de la dune
je m’allonge enfin
je n’ai pour fortune
que le sable fin
de Talua
veillée sur la grève
lueur des flambeaux
comme dans un rêve
… trop beau
une tache verte
en plein horizon
la chemise ouverte
en toute saison
mais de ma fenêtre
que des cheminées
j’aurais voulu naître
loin d’où je suis né
à Talua
Est-ce partir ?
28 novembre 2010 § Poster un commentaire
Quelques coups de pinceaux au hasard de la toile
Gouttes de lune au gré de l’eau
Un fanal tremblotant au fin fond du tableau
Le ciel éclaboussé d’étoiles
C’est heureux que la nuit ne soit pas plus avare
De sa lumière et de sa paix
Et le brouillard du port est plutôt moins épais
Que mon cafard
Nous avions tant de choses à ne savoir nous dire
Est-ce mauvais
Est-ce bon de partir ? Partir où je m’en vais
Est-ce partir ?
Peut-être es-tu restée sur le pas de ta porte
À interroger le chemin ?
Sans doute as-tu pleuré la tête entre les mains
À la nuit tombée, mais qu’importe
Dans l’ombre au bout du quai pendant qu’on appareille
Chante un ivrogne et sa chanson
Nous rappelle à quoi bon poursuivre un horizon
Partout pareil
Refrain
Pas de parfums subtils ni de chants de sirène
Flottant à l’entour du bateau
Un sanglot du moteur, trois coups de vent brutaux
Des lambeaux de chanvre qui traînent
Un instant le sillage à la lueur du phare
Semble un chemin fendant la baie
Et le brouillard du large est plutôt moins épais
Que mon cafard
Refrain
Kerlou
24 novembre 2010 § Poster un commentaire
Un chant de rousserolle à l’aube frémissante
J’ai laissé la voiture à la mare-aux-tortues
Tu disais : « Des matins, c’est tout le bois qui chante
La grasse matinée, c’est un jour de perdu »
Nos virées jusqu’au soir… la dune… les épis
Nos pages de silence à l’ombre des bateaux
Un baiser d’écolier vingt fois qu’on recopie
Et ta crème à bronzer « tu m’en mets dans le dos »
Mes oreilles sur la photo
Tous ces clichés
Ces lieux communs
Ces sentiers rebattus
Où nous avons marché
Main dans la main
Des fois, dis-moi, t’en souviens-tu ?
Soleil d’été
Premiers frissons
Et tout le tremblement
Si peu à raconter
Une chanson
Qu’on sifflote encore par moment
Soir de fête à Kerlou… Un grand feu sur la plage
Je n’ose pas danser… Tu as peur des pétards
Au retour, tu rêvais au garçon du village
Qui voulait t’embrasser… Je rêvais de guitare
Ainsi tout me revient, je n’ai rien oublié
Je refais le chemin de la pointe à l’étang
Sur mes pas, grain à grain, remonte au sablier
Le sable que la mer a moulu entre temps
« La rousserolle, tu l’entends… »
Transat
22 novembre 2010 § Poster un commentaire
Mon enfant
Souvent
Devant
Mon ven-
tre est bien lourd
Océan
– eau et sang –
Plus pesant
Chaque jour
Quand j’attends
Sur la rive
Cœur battant
Ton bateau qui arrive…
Pas de menace à l’horizon
Le seul iceberg est ce glaçon
Un peu à l’étroit dans mon verre
N’avons-nous pas bien fière allure
Moi la main sur ton hémisphère
Et toi tout en voilure
Que t’apprend-il, ce long cours
De si ensorceleur
Que tu sembles, petit
Oublier l’heure
De la sortie
Mon enfant
Souvent
Avant
Ce ven-
tre a servi
À bien d’au-
tres cadeaux
Qu’à te don-
ner la vie
Tous ces cieux
Eloignés,
Ô messieurs !
Qu’il est dur de gagner
Pas de tempête à la maison
Me vient l’envie d’une chanson
Qui conterait nos traversées
En solidaires au fil de l’eau
Jusqu’à découvrir, médusée
Ta frimousse au hublot
Raz-de-marée coupant court
À tout ce vague à l’âme
Balayant tout en moi
J’attends ta lame
Depuis des mois
Mon enfant
Souvent
Devant
Mon ven-
tre est bien lourd
Océan
– eau et sang –
Plus pesant
Chaque jour
Quand j’attends
Sur la rive
Cœur battant
Ton bateau
Bientôt
Qui arrive
Robinson
20 novembre 2010 § Poster un commentaire
La plage était en plein midi
On aurait dit le Paradis
Tant le sable était tendre
Tant le bonheur semblait acquis
Tout naturellement à qui
Venait à s’y étendre
La mer… à s’en déboussoler
Et tout ce ciel à contempler
Sans tache d’ombre aucune
Les jours heureux que nous coulions
Plus riches que tous les galions
Du fond de la lagune
Alors…
Est-ce le clapotis de l’eau
Par trop discret
Quand elle rêvait en secret
Pour ce tableau
D’une vague de tous les diables
Ou est-ce ma foi qu’ici-bas
Une femme au paradis ne va pas
Sans poser décidément de problème irrémédiable ?
Vint un jour ce cadre gracieux
A paru tout perdre à ses yeux
De son charme sauvage
Elle a rembarqué ses ballots
Et s’en est déserté l’îlot
Pour de nouveaux rivages
Combien de temps ai-je pleuré
À guetter ce que la marée
Ramenait à la grève ?
Combien de fois sur les brisants
Ai-je cru entendre impuissant
S’abîmer tous nos rêves ?
Et puis…
Un beau matin de calme plat
Je l’ai trouvé
Traînant tel un tambour crevé
Il était là
C’est à peine reconnaissable
Tant était miné par le sel
Son cou son ventre ses yeux et ses ailes
Dépouille en une semaine ensevelie sous le sable
Oiseau mort tout comme l’amour
Enfoui sous le sable des jours
D’une plage des îles
Amour mort tout comme l’oiseau
Rongé par le sel de ces eaux
Qui perlait à mes cils
Sel et sable larmes et temps
Aussi loin que la vue s’étend
Que de cœurs en dérive
Que de sillages dans l’azur
Dont le tracé n’est plus très sûr
Et de Robinson plein les rives
Balancelle
16 novembre 2010 § Poster un commentaire
Ton sourire est, tu sais, comme une balancelle
Brise légère, onde soyeuse, allure aisée
Pleine cargaison de baisers
Voile blanche au matin, au soir une étincelle
Et ce friselis de leurs ailes
Qu’ont les oiseaux
Dans ton sillage bleu
Ton sourire est, tu sais, comme une balancelle
À l’horizon des jours heureux
Mais des fois les grands vents font du zèle
Insomnie, moutons blancs, vague à l’âme, bec dans l’eau
Bouteille à la mer, tout ballot…
Ton sourire est, tu sais, comme une balancelle
Orage éclair, lame de fond, c’est l’avarie
Et le courant qui nous charrie
Tu fais brûler le riz, j’ébrèche la vaisselle
L’écume des jours s’amoncelle
Dans les roseaux
La coquille de noix !
Ton sourire est, tu sais, comme une balancelle
Alors souris, souris quand même
Puis dis-moi que tu m’aimes
Ou je me noie
Son cours
2 novembre 2010 § Poster un commentaire
Du plus simple ruisseau
Ou modeste rivière
Au roulement des eaux
Du fleuve le plus fier
Quel que soit le trajet
La pente ou le danger
Chacun sait que son cours
Est sans retour
Qu’on descende en eau sage
Ou rafting imprudent
Au bout du paysage
La mer nous attend
Souhaitons-nous, toboggan
Un parcours élégant
On n’a droit qu’à un tour
Plus ou moins court
*
La source et ses éclats
L’eau vive du début
Quelques plongeons à plat
Et quelques tasses bues
L’envie d’ouvrir son lit
À l’affluent joli
Et partager son cours
Au fil des jours
Turbulences, siphons
Ou méandres assoupis
On peut toucher le fond
Se noyer, tant pis !
Ou longer les saisons
Aux rives une chanson
Qui parlerait d’amour
Et de long cours
*
Du plus simple ruisseau
Ou modeste rivière
Au roulement des eaux
Du fleuve le plus fier
Quel que soit le trajet
La pente ou le danger
Chacun sait que son cours
Est sans retour
Qu’on descende en eau sage
Ou rafting imprudent
Au bout du paysage
La mer nous attend
J’eusse aimé, toboggan
Qu’on soit plus élégant !
On n’a droit qu’à un tour
Et c’est si court
Anton Dvorak (Danse slave opus 72 n°2)
Le coeur comme un volet qui bat
26 septembre 2010 § Poster un commentaire
Printemps, été, automne, hiver
Le midi, le soir, un couvert
Où sont les tablées d’autrefois
Les éclats de voix
Les rires d’enfants, c’est fini
Même en saison, la colonie
Ils ont fermé le bâtiment
Ca fait un moment
Je revois ces jours frais et ronds
Et mon père au banc d’aviron
Mes genoux teintés d’arnica
Mon harmonica
Je revois, précis, son visage
L’échancrure de son corsage
Les vaguelettes de dentelle
Sa voix, que dit-elle ?
Billes de verre, papiers d’argent, dessous de moire
Des jours, on voudrait mieux revenir sur ses pas
Reflets lointains, échos perdus dans la mémoire
Des soirs, on a le cœur comme un volet qui bat
Ici, rien ne sait plus bouger
Même le ciel se tient couché
Laissant que la place aux oiseaux
De raser les eaux
Le vieux ponton gît sur le flanc
Il lui manquait un peu d’élan
Pour espérer se retirer
Avec la marée
En photo, au mur du tabac
Y’a cette île au large là-bas
Couronnée d’arbres inconnus
Où dans le ciel nu
– C’est pas tout ce crachin dans l’air –
Monte un ruban de sable clair
Et sur l’eau, tout près, qui descend
Un soleil de sang
Billes de verre, papiers d’argent, dessous de moire
Des jours, on voudrait mieux revenir sur ses pas
Reflets lointains, échos perdus dans la mémoire
Des soirs, on a le cœur comme un volet qui bat
Ici, c’est le vent dans les rues
La pluie tout un mois froide et drue
La pierre grise des maisons
Les jours sans chansons
Quand une semaine est passée
Une autre vient la remplacer
Mais aucune n’a plus jamais
Ce goût que j’aimais
Les jeudis, lessive à pleins bras
Les dessins brodés sur les draps
Mon cartable et mon déjeuner
Un grand cache-nez
Je voudrais être tout jeunot
Assis dans le fond du canot
Laisser traîner dans l’eau ma main
Sans peur du demain
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